Quand Ballan fait ses contes

Les Ballanais, dit-on, sont des gens sans histoires.
Vrai ou faux ? C’est selon.
Car partout, oui partout, même en pays de Loire,
On parle à tort ou à raison,
Sans toujours éviter, en prose comme en vers,
D’aller à tort et à travers.
*
S’il s’agit de louer le calme d’un canton
Qu’on ne peut accuser d’encombrer les rubriques
De La Nouvelle République,
À défaut de traits plus notoires,
Ballan-Miré, bien sûr, mérite une mention
Parmi les pays sans histoires.
*
Mais quand les langues vont bon train,
Quand on évoque, verre en main,
Les bons moments de sa jeunesse,
Quand Pierre, Gisèle ou Roger
Entreprennent de révéler
Ce qu’on ne dit point à confesse,
Ne boudons pas notre plaisir :
La saveur de ces souvenirs
Nous comble d’allégresse,
Et tous ces contes du bon temps
Font la nique aux grincheux qui voudraient faire croire
Que les habitants de Ballan
Sont des gens sans histoires.
*
Lisant les vieux journaux, écoutant nos anciens,
Nous avons rencontré tant de bonnes histoires
Que nous avons voulu conserver la mémoire
De ces menus récits qui roulent sur des riens.
Ces contes ont souvent un fond de vérité
À défaut d’être vrais dans le moindre détail,
Et nous donnons pour authentiques
Les récits empruntés aux gazettes publiques.
Quand bien même aurait-on ajouté
Ici et là piment, grain de sel, pointe d’ail,
Ce n’est pas un péché dont il faille rougir :
Bon conte ne saurait mentir.
*
Empruntons la moralité
Au très sage Hippocrate :
En soulageant le cœur, les poumons et la rate,
Le conte, qu’il soit grave ou gai,
Est toujours source de santé.
Aussi, amis lecteurs, avez-vous intérêt
À faire de ces anecdotes
Un livre de chevet ;
Il n’est pas meilleur antidote
À la morosité.