Jean Abadie,

les années ballanaises d’un grand nom de la peinture contemporaine.

Comme les numéros précédents, le dernier magazine municipal, le Mag (numéro 32 – printemps 2024), consacre une page à une personnalité ballanaise remarquable. Cette fois, c’est Jean Abadie, un grand nom de la peinture contemporaine, Ballanais de 1970 à 2010, qui est mis à l’honneur. Les pages qui suivent permettent de compléter le portrait forcément succinct imposé par le format du magazine municipal.

C’est vers 1970 que Jean Abadie, sa femme Marie-Jeanne et leurs six enfants viennent s’installer à Ballan-Miré. Dans le vaste pavillon situé au cœur d’un paisible lotissement proche du centre, toute la famille entame une nouvelle vie, bienvenue après une dizaine d’années passée dans un logement HLM de Tours. À cette époque, Jean Abadie est un artiste reconnu dont la renommée dépasse déjà les limites hexagonales. Il est né en 1921 à Tarbes et l’attirance pour le dessin le conduit à l’école des Beaux- Arts de Toulouse en 1938 où il est remarqué et proposé pour les Beaux- Arts de Paris. La guerre va tout changer : Jean, d’abord engagé volontaire affecté à la gendarmerie à l’issue de l’armistice, poursuit une carrière militaire. Au gré des affectations et des pays découverts, il développe son talent naturel. Ses dons sont tels qu’il entre dans le cercle très fermé des Peintres Officiels de l’Armée. Au bout de 15 ans de service, encouragé par Marie-Jeanne qui croit en son avenir artistique, Jean abandonne l’uniforme. Il est alors à Tours, lieu de sa dernière mutation. C’est donc par hasard que Jean Abadie, homme du sud-ouest, est devenu peintre tourangeau, région dans laquelle il s’est tout de suite senti à l’aise : « terre du juste milieu, de l’équilibre ».

Pendant quatre décennies, c’est dans notre commune que va s’épanouir la partie la plus importante d’une œuvre prolifique. Alors qu’il parcourt le monde au gré de salons prestigieux, Jean Abadie reste très présent dans la vie culturelle locale ; il expose dans les rares salles disponibles à l’époque (le restaurant municipal ou le nouvel hôtel de ville), il accepte volontiers de présider le jury de salons de la M.J.C.…

Les Ballanais qui le côtoyaient alors évoquent volontiers des images de ce temps.

Par exemple, Jean-Marie Baty était entré en relation avec Jean Abadie en tant que  responsable, à l’agence de Joué-Lès-Tours, d’un transporteur routier. Il avait, en vain, conseillé à l’artiste qui exposait au Grand Palais d’assurer les œuvres prises en charge et n’avait été soulagé que lorsque son collègue parisien lui avait confirmé que le précieux envoi était arrivé sans encombre. Par la suite, Jean Abadie avait de nouveau fait appel à lui pour trouver une solution lorsque de très grandes toiles devaient être expédiées. M. Baty prenait alors contact avec une enseigne de literie de Chambray qui lui réservait des emballages de matelas ; à l’époque, ils étaient encore en carton…

Mme Orlowski, adjointe à la culture pendant plusieurs mandats de Michel Lezeau, avait de bons contacts avec l’artiste qui sollicitait aussi fréquemment son époux. M. Orlowski, par ses conseils avisés lors de l’emballage des œuvres, était également efficace pour leur manutention. Il avait même servi de modèle : le peintre lui avait demandé de poser en chemise blanche avec boutons de manchette, cigarette à la main, cette main étant le détail d’un tableau qu’il n’arrivait pas à transcrire de mémoire. Difficile pour le modèle de savoir si l’œuvre était ressemblante !

Le violoniste du café des Beaux-Arts a la main de M, Orlowski.

« Automne aux Hespérides », la toile qui illumine la salle des mariages

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Cette toile monumentale a été acquise par la commune pendant le troisième  mandat de Michel Lezeau. Mme Orlowski  avait été chargée de mener à bien la transaction. Avec un employé municipal au volant d’un véhicule d’une capacité suffisante, elle se rendit à Saint-Cyr où Jean Abadie entreposait une partie de sa production. Le tableau, que M. Lezeau avait déjà repéré lors d’une exposition, était bien là ; cependant les deux parties ne sont tombées d’accord qu’à l’issue d’une négociation ardue !

Jean Abadie à l’église Saint-Venant

Au début des années 90, Jean Abadie contacte l’Équipe d’Animation Pastorale de la paroisse Notre Dame du Cher dont le père François du Sartel a alors la charge : il souhaite offrir une toile à l’église Saint-Venant. En réponse, on lui propose de combler un besoin beaucoup plus urgent en réalisant un chemin de croix pour remplacer les moulages anciens dont le plâtre ne résiste plus à l’humidité des lieux. L’artiste relève le défi, sans oublier sa proposition initiale. Finalement, il fera don à la communauté de deux grandes toiles qui viendront s’ajouter aux quatorze petites œuvres composant le nouveau chemin de croix inauguré en 1994. Les nombreux visiteurs de Saint-Venant peuvent ainsi admirer, derrière l’autel, La Nativité ou La Résurrection  selon la période liturgique et un Saint-Martin et le Pauvre dans la chapelle de la Vierge à gauche. L’affaire n’avait pas été si facile à régler : Michel Lezeau, représentant la commune, propriétaire de l’édifice religieux, avait dû redoubler de diplomatie et de ténacité face à la rigidité du premier vicaire qui devait veiller à la préservation du mobilier et des œuvres d’art et avait quelques réticences en matière d’art figuratif.

À gauche, une partie du chemin de croix de l'église Saint-Venant et, à droite, les 14 œuvres composant l'ensemble du chemin de croix auxquelles on a ajouté, en bas et à droite, une reproduction du tableau La Résurrection dont il est question ci-dessous.
Ci-dessus, La Nativité exposée en alternance avec La Résurrection derrière l’autel de l’église Saint-Venant. et ci-contre, Saint-Martin et le Pauvre, dans la chapelle de la Vierge à gauche, sont les trois toiles que Jean Abadie a réalisées et offertes à notre église.

Les quelques œuvres de Jean Abadie évoquées ici ne sont qu’une petite partie des toiles qui peuvent être admirées à Ballan. L‘hôtel de ville possède une collection importante d’œuvres acquises auxquelles sont venues s’ajouter, en 2012, les cinq toiles déposées par Marie-Jeanne, alors résidente à l’EHPAD de Beaune ; elle souhaitait les voir exposées dans l’établissement, mais ce fut impossible pour des questions d’assurances. Des tableaux de Jean Abadie sont également visibles au centre social et au centre de rééducation de Bois Gibert.

Nul doute enfin que nombre de foyers ballanais s’ornent des toiles chaudes et lumineuses de cet artiste qui aura durablement marqué notre ville.

Des documents complémentaires…

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En 1990, le journal municipal de Ballan-Miré, qui s’appelait alors « Les Nouvelles » et avait un format différent, avait consacré un grand article à Jean Abadie.

Voici le texte de cette interview :

(1) Fac similé de la dédicace de Maurice Genevoix [extrait du livre de Duhamel-Rodier, J. Abadie, Couleurs d’une vie, Procom communication, 2008, p. 42 :

Dans les années 1990, Jean Abadie participe volontiers à la vie culturelle ballanaise…

Les documents ci-dessous ont été obligeamment prêtés par Bernadette Chaumeil qui était alors présidente de la MJC.

Une des premières expositions accueillie dans le nouvel Hôtel de ville inauguré en 1991.

En 1994, la 10ème exposition de peinture de la MJC qui se tient au restaurant municipal a Jean Abadie comme invité d’honneur. Outre l’invitation à cette manifestation reproduite ci-dessus, voici ci-dessous deux clichés où l’on reconnaît le peintre.

En 1995, c’est de nouveau l’hôtel de ville qui accueille une exposition de Jean Abadie pendant deux semaines.

Enfin, en 2004, toujours à l’hôtel de ville, le peintre expose des œuvres récentes et des petits formats.

À voir dans l’hôtel de ville de Ballan-Miré…

… d’autres petits ou grands formats…