Une enfance difficile à la Basse-Mignardière
Charles, le père de Marie-Thérèse, était le cinquième enfant d’une grande famille d’agriculteurs champenois. Pendant la guerre de 1914-1918, la famille quitte sa ferme de Suippes, devenue zone dangereuse et s’installe à Neuvy-le-Roi en Touraine. Charles, venu à Ballan-Miré pour seconder son frère Joseph qui exploite la ferme de la Noue, fait la connaissance de Marie Poirier dont la famille est installée à la Chesnaie à Miré. C’est là que Charles et Marie s’installent en 1921 après leur mariage et que naît Pierre, leur fils aîné.
Marie-Thérèse est née, elle, dans une ferme aujourd’hui disparue sous les mètres cubes d’eau du Lac Ballan-Joué, en 1970. C’est en effet le 16 juin 1930 qu’elle voit le jour à la Basse-Mignardière, ferme dépendant du château des Bretonnières où le jeune couple s’est rapidement installé. Elle est la plus jeune de la famille, après Pierre, Élisabeth, François et Étienne.
Dès son plus jeune âge, elle est de santé fragile avec une conjonctivite purulente, qui nécessite des visites fréquentes chez le médecin et le pharmacien du bourg. C’est sa mère Marie qui l’emmène dans la cariole préparée par son père. De plus, cela représente une grosse charge pour ses parents car il n’y a pas de sécurité sociale. Marie-Thérèse ne va donc pas à l’école, elle s’occupe de sa mère, elle aussi malade : elle est atteinte d’une polyarthrite rhumatoïde évolutive qui la paralyse un peu plus d’année en année. Marie-Thérèse participe aussi aux travaux de la ferme en s’occupant de la basse-cour, poules, canards, dindons. Elle a surtout la grande responsabilité de surveiller les couvées, 21 jours pour les poules et 30 jours pour les canards.
En Juin 1939 les Allemands arrivent en France. Ils réquisitionnent la ferme de la Basse-Mignardière pour y installer environ 150 chevaux dans les parcs. La cohabitation avec les soldats allemands est compliquée car les enfants aiment leur faire des blagues par toujours bien comprises par l’occupant.
Parce que les aînés grandissent et que la Basse-Mignardière devient une exploitation trop petite pour ces bras devenus nombreux, la famille Aubert s’installe en novembre 1940 à la ferme de la Chassetière à Notre Dame d’Œ. La guerre est toujours présente et la situation de la ferme près du terrain d’aviation oblige souvent la famille à rejoindre une tranchée creusée par Charles dans le parc près de la maison pour se mettre à l’abri lors des alertes. Marie-Thérèse aide sa sœur pour l’entretien de la maison et elle est toujours chargée de la basse-cour pour la nourriture de tous : canards, poules, dindons, et un grand clapier de lapins.
Malgré cela, Marie-Thérèse continue son apprentissage de la lecture et du calcul ; elle passera son certificat d’études à 23 ans. Dans cette vie de dur labeur, en quête d’un peu de loisir, avec sa sœur Elisabeth, elle rejoint un groupe de jeunes filles de la paroisse de Notre Dame d’Œ qui fait du théâtre.
Ses frères François, Étienne et Pierre se marient et quittent la ferme pour suivre leur propre chemin. La ferme de la Chassetière devient alors trop grande, d’où un nouveau déménagement pour une petite exploitation de Savonnières : la Planche.
Une relative autonomie
Nouvelle vie, nouveau besoin : si Marie-Thérèse continue de s’occuper de sa mère, maintenant totalement paralysée, elle veut gagner un peu d’argent et elle trouve du travail, deux après-midis par semaine, chez le pharmacien du bourg qui a un petit laboratoire. Elle y fait la mise en boite des médicaments. Pour ses déplacements, elle achète un solex.
Le père de famille, pour sortir sa femme qui ne peut plus se déplacer, demande à Marie-Thérèse, seule à même de pouvoir apprendre à conduire, de passer le permis. Avec l’argent qu’elle gagne à la pharmacie, elle prend des leçons de conduite et obtient son permis le 7 avril 1962. Charles achète d’abord une 4cv, ensuite une dauphine et enfin une 4l.
Pour gagner un peu plus, en 1968 et 1969, elle travaille aussi à façon chez elle, pour les établissements Clodrey (Corolle aujourd’hui) de Langeais.
Enfin, en 1971, elle devient Agent Spécialisé d’École Maternelle à Savonnières. De cette époque, elle se souvient surtout de l’obligation qui lui est faite de remonter les pierres de la cour dans ce terrain en pente afin qu’elles ne bouchent pas l’écoulement des eaux, en particulier celui du voisin. Elle pense que son mal de dos vient de cette corvée journalière, elle aura d’ailleurs pour cela une reconnaissance de maladie professionnelle.
Sa mère décède en 1977, malgré ses soins attentifs. Son père ne pouvant plus s’occuper de la ferme, déménage à nouveau en 1983 pour une petite maison à Miré, juste devant l’étang de Beauvais.
Marie Thérèse sera mise en invalidité en 1983 pour son emploi à la mairie de Savonnières, avec un départ en retraite en 1984. Son père décédera en 1986.
Retraitée, mais encore plus active
Elle décide de venir habiter sur Ballan-Miré d’abord dans les appartements de la deuxième tranche du quartier des Prés ; ensuite dans les pavillons des personnes âgées car elle peut y profiter d’un petit jardin. Afin d’améliorer sa maigre retraite, elle met ses compétences manuelles au service des associations. Elle apprend le tissage au Beffroy de Tours, la vannerie au Centre Social de Joué-lès-Tours, la mosaïque à Monts. Elle valorise ces apprentissages au Centre Social Jules Verne de Ballan-Miré où elle fait profiter plusieurs générations de ses connaissances, jusqu’en 2020. Bien sûr, elle fera aussi le catéchisme pendant 30 ans ; elle sera très active à la Croix Rouge, à la chorale Jacques de Beaune, au quartier des Prés où tout le monde appréciait les crêpes à la St Jean. On retrouve aussi Marie-Thérèse à l’association de la Sauvegarde de l’Enfance à la Commanderie pour sa participation aux spectacles sur les Templiers en 1989 et 1990.
La période du COVID met un frein à son dynamisme. Avec beaucoup de regret, elle doit arrêter de conduire en 2020. Elle continue, malgré cela, ses bavardages avec ses amis, heureux de parler du passé. Elle écrit avec sa sœur Élisabeth un livre sur leur père, PAPY AUBERT, qui nous a bien aidés dans la rédaction de ce document.