page 01/5
Sur la route de Chinon, à la limite de Druye, se situait Bois Joli, une très belle ferme de Ballan. En 1906, quand elle fut achetée par la famille Coulon, la propriété était pourtant en piteux état. On y pénétrait par une allée boisée, bordée d'arbres divers, chênes, ormeaux, pommiers, poiriers, cormiers et pruniers. Une petite construction élégante s'y dressait ; il n'en reste maintenant qu'une murette. L'ancienne belle maison, dont le toit était béant, s'était dégradée. Là se trouvaient un jardin et un parc agrémentés de plantes rares qui renaissaient au printemps.
page 02 /5
Il n'en reste plus que les jonquilles. On y trouve encore ce qui fut la pièce d'eau. Longtemps, cette mare fut très poissonneuse, et nombreux étaient les Ballanais qui venaient faire d'agréables parties de pêche. J'étais très curieuse : un jour, en épiant d'un endroit discret la vie de la fosse, à ma grande stupéfaction je vis une loutre folâtrer à fleur d'eau. La famille eut du mal à croire à mon récit mais, par la suite, on constata que petit à petit tout le poisson disparut. Le prolongement de la route conduisait à la ferme en passant devant le puits et un chêne séculaire –bel arbre encore présent– , sur une sorte de tumulus.
page 03/5
sous lequel se trouvait une cave fraîche, qui assurait une bonne conservation. Deux piliers fermaient une cour rectangulaire ; tout autour, la maison d'habitation, de multiples dépendances pour loger un important cheptel, et un vaste hangar de construction remarquable, ainsi qu'un bâtiment formant deux granges qui furent détruites par un incendie mémorable.
La maison d'habitation était très ordinaire comparativement au reste. Un pressoir et un cellier servaient aux vendanges familiales :c'était un grand moment de joie pour les vendangeurs, de même que les battages, qui duraient cinq jours.
page 04/5
Bois Joli bordait la propriété d'un ancien château ; ainsi, à la saison de la chasse, c'était un endroit très giboyeux et, les soirs d'ouverture, les invités repartaient ravis et jamais bredouilles. Les terres n'étaient pas très fertiles. Parfois les ressources étaient décourageantes.Rien ne fut épargné en 1936 avec les difficultés économiques. Malgré tout, une période plus favorable permit à deux familles successives, courageusement, de vivre à Bois Joli.
Cette ferme changea de propriétaire, et de là vint sa destruction au profit d'une belle construction moderne.